Le défi est toujours grand d’illustrer en sculpture une activité pouvant paraître factuelle ou, au contraire, déjà chargée symboliquement. L’esthétique doit alors transcender l’anecdote ou éviter le cliché pour que l’œuvre ait sa propre résonnance. Pour traduire en sculpture les trois grandes activités se tenant à l’Hôtel Rive-Gauche dans un environnement à la fois chic et champêtre, l’artiste a travaillé à partir d’une convention, soit la relation entre deux personnes. Ainsi, des activités aussi diversifiées que la restauration, les réunions d’affaires et les mariages ont pu trouver un écho dans cette trilogie où l’élégance et le caractère monumental de la sculpture se confondent.
Le cocktail (remarques de l’artiste)
Une sculpture n’étant pas une annonce publicitaire, j’ai surtout voulu dans Le cocktail déborder le thème de la bonne table et des bons vins; même si l’Hôtel Rive-Gauche est très réputé à ce chapitre, mon intention a d’abord été de créer un instant de vie. J’ai voulu, tout en montrant la beauté physique des deux jeunes femmes en présence, mettre en évidence leur bienveillance réciproque. Voilà pourquoi cette œuvre, tout en exprimant une action concrète facilement perceptible par tout un chacun, est avant tout l’expression d’une relation humaine tournée vers la joie de l’échange au-delà des rôles ou d’une différence de statut social entre la serveuse et sa cliente.
Les congressistes (remarques de l’artiste)
À l’opposé de cette première œuvre exprimant un moment de repos, la seconde illustre surtout une tension : celle que l’on connaît lors d’une période d’intense réflexion. L’Hôtellerie Rive- Gauche étant le foyer de nombreux congrès, il importait d’y placer une sculpture rappelant cette activité. L’œuvre, intitulée justement Les congressistes, se veut représentative d’une séance de travail: celle d’un couple en train de poursuivre une recherche, par le son et l’image, au moyen de ces outils indispensables que sont devenus l’ordinateur et le téléphone portable. Un grand cartable s’ajoute à l’ensemble: au bras de l’homme, en position verticale, cet élément rectangulaire fait écho à l’ordinateur posé obliquement sur la table, face à la femme qui s’y appuie fermement. Comme dans l’œuvre précédente, on perçoit bien dans cette sculpture-ci l’accord formel qui existe entre les personnages et les objets qu’ils utilisent: autant les lignes courbes envahissent la première sculpture, autant ce sont les droites qui prédominent dans la seconde.
Le mariage (remarques de l’artiste)
La troisième sculpture, Le mariage, n’est pas visible de la rue car elle est située dans le jardin, à l’arrière de l’édifice, spécialement utilisé lors de cérémonies nuptiales. L’œuvre, comme les deux précédentes est plus grande que nature. Elle représente un couple de nouveaux mariés; non pas en position statique comme devant la caméra, mais en marche, avec leurs jeunes visage souriants tournés l’un vers l’autre. J’ai voulu de cette façon exprimer symboliquement l’idée d’un avancement, à deux, dans l’existence. L’œuvre, tout en étant traditionnelle en apparence, par les incontournables costumes de cérémonie, trouve son originalité dans des accords formels harmonieux; notamment dans la traîne de l’épousée qui ondule derrière elle comme une vague, et jusqu’à cette cravate du jeune mari qui semble au vent vouloir la rejoindre. Toutefois, ces détails, qui sautent aux yeux à prime abord, ne seraient que des éléments anecdotiques sans valeur s’ils n’étaient pas soutenus au point de départ par une construction formelle, elle-même signifiante. Autrement-dit, en sculpture, le climat d’euphorie que vivent ensemble deux êtres au moment de leur promesse d’union n’émane pas que de leur costume d’apparat ou de leur seule physionomie mais du rythme de leur démarche entière. Voilà ce que j’ai voulu montrer ici.
