Le jeudi 28 octobre en soirée a eu lieu à la Galerie d’art Caroline Jacques de St-Fabien un spectacle tout à fait inédit : les improvisations sonores de Étienne Chénard et Raphaël Arsenault, à la fois violonistes et percussionnistes, ont donné le rythme et le ton au crayon feutre et au pastel à l’huile de Roger Langevin. Créant en direct une quinzaine de dessins, illustrant des personnages dans différentes scènes, l’artiste a ravi l’assistance par la dextérité de sa main et toute l’énergie de sa créativité.
Il sera possible de se procurer prochainement à la galerie l’album des 15 dessins (en tirage limité à 20 exemplaires) reproduits sur papier parchemin, dans une belle pochette de présentation. Les 40 copies signées de la quinzaine de dessins seront également en vente. Le profit des ventes sera versé à la Galerie d’art Caroline Jacques de St-Fabien.
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Le dessin, un langage
Dessiner, c’est écrire. Un dessin est une phrase. Au-delà de son sens, la qualité d’une phrase vient d’un agencement de mots (ponctué de signes symboliques), autrement dit d’une organisation formelle qu’on appelle composition. Écrire est un acte solitaire. On se parle à soi d’abord avant de parler aux autres. De même en dessin généralement: on dessine pour soi, chez soi, en prévision d’une exposition.
Dessiner devant public, c’est autre chose qu’écrire, c’est comme parler à voix haute. Non pas lire un texte ou le réciter par cœur, mais prendre le risque de tenir spontanément un discours devant du monde. Bien sûr, des erreurs (plus ou moins perceptibles) surgiront en cours de route. Qui sait cependant si ce ne sont pas ces erreurs-là qui, précisément, de même que les silences hésitants dans un discours spontané, n’ajouteront pas au dessin sur le vif un surplus de vérité.
Que dire en dessin qui puisse intéresser derrière soi une réunion de personnes en attente d’un spectacle? Là n’est pas l’inquiétude du dessinateur. Tout objet peut être prétexte à une composition formelle intéressante, aussi bien l’aile d’une libellule que « la ligne d’un sein ou le galbe d’une hanche » comme chante Aznavour. Le plus difficile, c’est d’oublier les gens derrière soi afin de conserver intacte sa pleine concentration d’esprit; surtout de ne pas succomber à la tentation de jouer la vedette. Tenir un « discours » sincère en acceptant la trahison ou l’indocilité de sa main par instants. Autrement dit accepter ses limites, et tenter de dire vrai du mieux qu’on peut. Bref, ne pas se prendre pour Picasso tout en visant la perfection.
Roger Langevin
30 octobre 2010