« Tout l’œuvre de Roger Langevin (…) parle du pays profond, de son histoire passée et de son devenir moderne. Cela lui confère une force symbolique rare et une entière légitimité contemporaine » – Jean Arrouye

Nouvelles

Les Richeloises

Les Richeloises

Réalisée en 2017, l’œuvre est le fruit d’une commande de COGIR. Elle a pour titre Les Richeloises, en référence à son lieu d’implantation face à l’édifice du même nom à McMasterville au Québec.

Cette sculpture, d’une hauteur de 2,50 mètres et d’une envergure de 4 mètres est faite en résilice (résine de polyester et silice). Elle comprend trois femmes dansant main dans la main sur une base circulaire. Celles-ci appartiennent à des générations différentes. La plus âgée, les deux pieds au sol, entraîne dans sa danse les deux autres, en apparence plus agiles.

Tout dans cette sculpture est l’expression de la beauté féminine. À preuve, le mouvement harmonieux des corps, les physionomies souriantes, les robes longues, les chevelures abondantes accordées aux voiles flottant dans l’air. La force de l’œuvre, au-delà de toute sensiblerie, provient d’une composition originale dans laquelle se retrouve en parfait équilibre une conjugaison de masses pleines et d’espaces vides provoquant l’illusion d’un mouvement réel. C’est à travers ce mouvement plus que dans la seule beauté des visages et des corps que s’expriment ici certains aspects de « l’éternel féminin » parmi les plus significatifs : grâce, douceur et délicatesse.

L’inauguration de l’œuvre a eu lieu le 11 septembre 2017.

Le cocktail, les congressistes et le mariage : trois sculptures conçues pour l’Hôtel Rive-Gauche

Le cocktail, les congressistes et le mariage : trois sculptures conçues pour l’Hôtel Rive-Gauche

Le défi est toujours grand d’illustrer en sculpture une activité pouvant paraître factuelle ou, au contraire, déjà chargée symboliquement. L’esthétique doit alors transcender l’anecdote ou éviter le cliché pour que l’œuvre ait sa propre résonnance. Pour traduire en sculpture les trois grandes activités se tenant à l’Hôtel Rive-Gauche dans un environnement à la fois chic et champêtre, l’artiste a travaillé à partir d’une convention, soit la relation entre deux personnes. Ainsi, des activités aussi diversifiées que la restauration, les réunions d’affaires et les mariages ont pu trouver un écho dans cette trilogie où l’élégance et le caractère monumental de la sculpture se confondent.

Le cocktail (remarques de l’artiste)

Une sculpture n’étant pas une annonce publicitaire, j’ai surtout voulu dans Le cocktail déborder le thème de la bonne table et des bons vins; même si l’Hôtel Rive-Gauche est très réputé à ce chapitre, mon intention a d’abord été de créer un instant de vie. J’ai voulu, tout en montrant la beauté physique des deux jeunes femmes en présence, mettre en évidence leur bienveillance réciproque. Voilà pourquoi cette œuvre, tout en exprimant une action concrète facilement perceptible par tout un chacun, est avant tout l’expression d’une relation humaine tournée vers la joie de l’échange au-delà des rôles ou d’une différence de statut social entre la serveuse et sa cliente.

Les congressistes (remarques de l’artiste)

À l’opposé de cette première œuvre exprimant un moment de repos, la seconde illustre surtout une tension : celle que l’on connaît lors d’une période d’intense réflexion. L’Hôtellerie Rive- Gauche étant le foyer de nombreux congrès, il importait d’y placer une sculpture rappelant cette activité. L’œuvre, intitulée justement Les congressistes, se veut représentative d’une séance de travail: celle d’un couple en train de poursuivre une recherche, par le son et l’image, au moyen de ces outils indispensables que sont devenus l’ordinateur et le téléphone portable. Un grand cartable s’ajoute à l’ensemble: au bras de l’homme, en position verticale, cet élément rectangulaire fait écho à l’ordinateur posé obliquement sur la table, face à la femme qui s’y appuie fermement. Comme dans l’œuvre précédente, on perçoit bien dans cette sculpture-ci l’accord formel qui existe entre les personnages et les objets qu’ils utilisent: autant les lignes courbes envahissent la première sculpture, autant ce sont les droites qui prédominent dans la seconde.

Le mariage (remarques de l’artiste)

La troisième sculpture, Le mariage, n’est pas visible de la rue car elle est située dans le jardin, à l’arrière de l’édifice, spécialement utilisé lors de cérémonies nuptiales. L’œuvre, comme les deux précédentes est plus grande que nature. Elle représente un couple de nouveaux mariés; non pas en position statique comme devant la caméra, mais en marche, avec leurs jeunes visage souriants tournés l’un vers l’autre. J’ai voulu de cette façon exprimer symboliquement l’idée d’un avancement, à deux, dans l’existence. L’œuvre, tout en étant traditionnelle en apparence, par les incontournables costumes de cérémonie, trouve son originalité dans des accords formels harmonieux; notamment dans la traîne de l’épousée qui ondule derrière elle comme une vague, et jusqu’à cette cravate du jeune mari qui semble au vent vouloir la rejoindre. Toutefois, ces détails, qui sautent aux yeux à prime abord, ne seraient que des éléments anecdotiques sans valeur s’ils n’étaient pas soutenus au point de départ par une construction formelle, elle-même signifiante. Autrement-dit, en sculpture, le climat d’euphorie que vivent ensemble deux êtres au moment de leur promesse d’union n’émane pas que de leur costume d’apparat ou de leur seule physionomie mais du rythme de leur démarche entière. Voilà ce que j’ai voulu montrer ici.

Passage à gué

Passage à gué

Avec l’installation récente de « Passage à gué » au Parc Beauséjour, le Jardin de sculptures de Rimouski compte maintenant sept œuvres, toutes réalisées sur le thème des relations humaines. Ici, la légèreté bondissante de l’enfant (au centre de l’œuvre) et la prévenance des parents (qui forment une voute) expriment à la fois les valeurs de liberté et de protection. Sur le plan proprement sculptural, le rapport dynamique qui existe entre les vides et les pleins en font une pièce éloquente sous tous les angles.

Couple enjoué dans la neige

L’art monumental habille non seulement l’espace public, mais il revêt et révèle aussi la beauté des saisons. L’art du regardeur est aussi une création, a fortiori lorsque celui-ci est un photographe de talent comme Martin Hughes.

Informations techniques de la prise de vue:
Caméra : NIKON D600
Focale : 55 mm
ISO : 125
Ouverture : f/2.8
Vitesse d’obturation : 1/500

Projets de monuments commémoratifs pour Lac-Mégantic et L’isle-Verte

Projets de monuments commémoratifs pour Lac-Mégantic et L’isle-Verte

L’artiste peut jouer plusieurs rôles au sein d’une communauté. L’un de ces rôles, c’est sans doute de représenter la vie, dans ce qui se vit de beau ou d’effroyable; c’est d’être interpellé et de produire une œuvre avec une certaine portée symbolique qui résiste au temps et qui accompagne la mémoire des hommes. Récemment, le Québec n’a pas été épargné par des drames qui, on le sait, auraient pu être évités. Le caractère funeste des tragédies du Lac-Mégantic et de L’Isle-Verte imposa ici à l’artiste une esthétique « distanciée » qui laisse place, tel un espace vierge, à ces vies qui ont été fauchées. Ce travail d’évocation prend forcément deux formes différentes bien qu’apparentées par leur élégance et l’équilibre qui existe entre les pleins et les vides, la « présence » et la « disparition ».

Chaque monument commémoratif réunit un nombre d’éléments architecturaux équivalant au nombre des victimes. La couleur blanche incarne la pureté, l’essence même de la vie et l’envers du sinistre. Les 47 colonnades du projet du Lac-Mégantic évoquent non seulement les personnes, mais aussi les arbres calcinés, ébranchés et demeurés debout après l’incendie, tandis que les 32 voiles bombées au vent d’un voilier schématisé rappellent la vie de ceux et celles qui vivaient au bord du fleuve et qui étaient portés par une vie bien remplie avant leur dernière escale. Au centre de ce monument, le vide s’apparente à une croix (pour les gens qui veulent bien la voir). L’idée du bateau associée au passage dans une autre vie date de l’antiquité égyptienne (la barque de Rê). Les noms des disparus seront inscrits sur le flanc du bateau en rangées verticales sous les voiles, ce qui les relie de manière plus personnelle.

En suivant ce lien, vous pourrez voir un reportage du Téléjournal diffusé le 10 mars dernier (entre 30:32 et 43:55).